L’étage inférieur, fermé et les deux étages supérieurs du four traditionnel Bonnat, aux portes de fonte brun foncé ouvertes et au bâti de briques rouges. Sur la sole du haut, on voit trois biscuits circulaires en fin de cuisson et sur la sole du bas, il y en a deux encore au four, sur un papier blanc, posés sur la pelle de bois et il y en a trois sur le plateau de métal installé en avant du four.
Si la légende est vraie...alors, l’étincelle qui anime secrètement les pâtisseries et chocolats Bonnat nous arrive tout droit de fastueux terroirs. Elle nous parle des Maîtres-Chocolatiers de cette famille au destin singulier et à la passion indestructible.

Lorsque l’on se tient tout près du four de l’arrière-grand-père Félix, tout environné de chaleur, de suaves et doux parfums, on devine que sont cachées ici des histoires lumineuses et têtues. Elles courent sous le manteau de la Grande histoire, mystères dont la famille Bonnat utilise les sources et les péripéties dans chacune de ses recettes.

Un grand mortier précolombien dort dans l’ombre calme du grenier de Voiron, auprès des toutes premières machines de Félix Bonnat et des alambics du liquoriste. Et tous semblent baignés dans la mémoire de l’aïeule du Siècle d’Or, qui savoure éternellement son chocolat exotique et pimenté.

Un présentoir dans la boutique Bonnat Chocolatier de Voiron. Dans une quinzaine de compotiers de verre, sur un carton doré, sont posés des bonbons de chocolat haut de gamme (chardons, bonbons de chocolat, Pavés, Rêves, Ménados dans leur emballage argenté, doré ou vert) et de petites boites plates sont emballées avec du ruban rouge ; A gauche de l’image, on voit la vitrine et, au-delà, la rue. En vitrine, on devine un très grand œuf de chocolat décoré, une boite Bonnat au couvercle orangé et noir, et d’autres gourmandises. Un petit placard bas en bois foncé sert de réserve sous la vitrine.
Un gâteau Souris au glaçage blanc avec des yeux et une spirale en chocolat et des oreilles en pâte d’amande orange ; un gâteau Mystère entièrement recouvert de petits éclats de chocolat brun foncé et saupoudré de sucre glace blanc.
Bien que douces et familières à nos yeux, les pâtisseries Bonnat sont spectaculaires «à l’intérieur» et l’architecture du goût y est d’une suprême élégance.
Un petit cylindre de biscuit avec un cerclage rayé multicolore, surmonté d’un macaron rose vif.

Eloge du fruit

La plante est mystère, vitalité, couleur. L’alchimie parfumée du fruit s’épanouit dans les bonbons aux liqueurs, avec juste ce qu’il faut de chaleur pour charmer le palais de son délicat bouquet.

Une tablette de chocolat Bonnat Fraize, présentant sur fond blanc, en plus de la façade de l’église de Voiron, présente sur toute les tablettes Bonnat, un semis de minuscules fraises rouges.
Trois oranges alignées dont celle de droite coupée en deux. Devant, un chocolat Bonnat au Grand-Marnier, dans son emballage brillant rouge. Une poire jaune pâle piquée de rose, une grappe de raisin vert et quelques cerises très rouges et brillantes. Devant, se trouvent trois chocolats Bonnat : Poire Williams, emballé de jaune, Cognac, emballé d’orangé et Kirsch, emballé de vert.
Logo Bonnat
Une photo dédicacée de Madame Jacqueline Kennedy. Elle a les cheveux très noirs, mi-longs et les yeux noirs. Elle est vêtue de clair et est assise sur un canapé à fleurs.
Cette image a été adressée par Madame Jacqueline Kennedy à la Maison Bonnat. Source : Archives Bonnat.
Une Dame de légende… Certain Noël à la Maison Blanche fut accompagné de ballotins Bonnat, très appréciés par la belle First Lady.

Aujourd’hui, en dégustant les chocolats Bonnat, c’est d’abord notre palais, si bien nommé, qui accueille des retrouvailles magnifiques, distillées dans le mystère du laboratoire et récoltées à la fortune des terroirs du cacao. Ce sont les chemins des Couleurs, du Guépard ou de l’Inca, sillonnés par Stéphane à la suite de ses ancêtres, ainsi que les domaines de l’Asie et de l’Afrique, raffinés et bouillonnants de vie.

Au Brésil, une rivière dans un vallon, bordée de grandes fleurs rouges et jaunes et de grands arbres. Il y a des cocotiers et des palmiers, et beaucoup de végétation. De l’autre côté de la rivière : un coteau et une plantation, et, au-delà, encore des arbres et le ciel clair. Tout est vert, sauf les fleurs, la terre et le ciel, ainsi qu’un panneau de bois, où il est écrit : Juliana energetica.

Pour nous, heureux destinataires des tablettes, bonbons et boissons signés Bonnat, ils offrent à chacun son répertoire et ses notes de pur plaisir.

Image de droite ; Le premier outil du Maître-Chocolatier : le casse cacao tarare de Félix Bonnat, sorte de bahut de bois, avec quatre demi-tuyaux de sortie pour les fèves, un panneau à claire voie au dessus et trois éléments de laiton courbes, dans lesquels glissent des manettes.

Les recettes du bonheur

Crême de Chocolat

Prenez une pinte de lait & un quarteron de fucre que vous ferez boüillir enfemble un quart d’heure ; & après vous delaïrez un jaune d’œuf que vous mettrez dans la Crême, & vous la ferez boüillir trois ou quatre boüillons. Otez-la enfuite de deffus le feu, & mettez-y du Chocolat, jufqu’à tant que la Crème en ait pris la couleur. Après, vous la remettrez trois ou quatre tours fur le feu ; & l’aïant paffé dans une étamine, vous la drefferez où il vous plaira.

François Massaliot 1694
Le cuisinier Roïal et Bourgeois. C. 267

Une gravure ancienne représente une cuisine du 18e siècle. On voit le mobilier, bahut, coffres et étagères. Les ustensiles : grand mortier, pilon, grande bassine, moule, plat, grande cuiller, chinois, fouet, couteau. Du gibier à plume est suspendu au plafond. Sur les étagères, on voit des pots, des pains ou pâtisseries. Des feuilles de papier pendent à un clou. Un petit chien est debout sur ses pattes arrière. Quatre femmes, un jeune garçon et un homme bien vêtu se côtoient. Le jeune garçon et les quatre femmes sont au travail.
Chocolatière du 18e siècle, en argent. Le contenant est assez ventru à la base, décoré d’une gravure, avec trois pieds simples recourbés, un bec simple, un couvercle plat, lui-même pourvu d’une ouverture pour fouetter le chocolat, et d’un petit couvercle ; le long manche de bois tourné est serti dans une bague d’argent.

Le chocolat de Louis XV

Vous mettez autant de tablettes de chocolat que de tasses d’eau dans une cafetière et les faites bouillir à petit feu quelques bouillons; lorsque vous êtes prêts à le servir, vous y mettez un jaune d’œuf pour quatre tasses et le remuez avec le bâton sur un petit feu sans bouillir. Si on le fait la veille pour le lendemain, il est meilleur, ceux qui en prennent tous les jours laissent un levain pour celui qu’ils font le lendemain ; l’on peut à la place d’un jaune d’œuf y mettre le blanc fouetté après avoir ôté la première mousse, vous le délayez dans un peu de chocolat de celui qui est dans la cafetière et le mettez dans la cafetière et finissez comme avec le jaune.

Menon 1755
Les Soupers de la Cour ou l’Art de travailler toutes sortes d’aliments pour servir les meilleures tables suivant les quatre saisons

Deux boites cylindriques de copeaux de chocolat Bonnat 100% cacao pour la rouge et 80% de cacao pour la blanche, sur fond de gros plan sur des feuilles de menthe vertes et d’une une peinture du 19e siècle représentant un marchand de chocolat, portant sur son dos une haute bonbonne cylindrique et, accrochées à ses bretelles, des tasses de métal. Il tient une tasse dans une main et, dans l’autre, des sortes de robinets. Il porte un chapeau, une chemise, un torchon et un tablier blancs, un gilet et une veste courte foncés et il se tient, le sourire aux lèvres, devant une palissade de bois gris.

Recette Bonnat chocolatier :

Chocolat chaud et menthe fraîche infusée

Ingrédients :

  • 200 grammes de chocolat à 60% de cacao, pauvre en beurre de cacao
  • (prendre du chocolat à 75%, faire fondre et stocker 48h à 40°, laisser le beurre de cacao former une pellicule et l’enlever à l’aide d’une louche plate).
  • 100 grammes de liqueur de cacao
  • 800 grammes de lait
  • 700 grammes de crème
  • 50 grammes de sucre de canne
  • 40 feuilles de menthe fraiche
  • De la vanille en gousse
  • et menthe fraîche infusée

Préparation :

  • Faire fondre la liqueur et maintenir à 33°.
  • Faire un sirop tant pour tant avec le sucre de canne et le laisser refroidir.
  • Coller les feuilles de menthe dans des verres ou des tasses transparentes en les humidifiant dans le sirop.
  • Verser le sirop dans 500 grammes de crème et mettre au frais.
  • Verser la liqueur dans les verres et les retourner immédiatement pour ne garder qu’une très fine épaisseur. Cette couche apportera une touche d’acidité tonique au chocolat.
  • Verser le chocolat en laissant une épaisseur plus conséquente se former.
  • Faire bouillir le lait et 200 grammes crème après les avoir mélangés.
  • Conserver à petite ébullition pendant 3 minutes et inclure la vanille.
  • Monter une crème chantilly.
  • Verser le lait chaud dans les verres après avoir retiré la vanille, le chocolat se mélangera en fondant.
  • Retirer les feuilles de menthe et réaliser un petit “topping” en chantilly juste avant la dégustation.
Logo Bonnat
Une  statuette d’inspiration précolombienne, en terre cuite orangée ; C’est un personnage accroupi en train de parler et appuyant son discours par un geste de la main. Sur ses cheveux ramenés en arrière, il porte une haute coiffure de plantes et de pierres, fixée par une torsade. Il est vêtu d’un pagne à ceinture épaisse et à bords frangés. Ses lobes d’oreilles sont largement percés et il porte un bracelet à chaque poignet et un collier de grosses perles, fermé sur la poitrine par une barrette.

Si vous êtes attentifs et si vous prenez le temps de le savourer, vous aurez la chance et la surprise de vivre les rencontres magiques et inattendues que déclenche le chocolat Bonnat. Il suffit pour cela de le goûter avec l’esprit d’enfance.

Attendez-vous à être surpris, car la légende est vraie et le chocolat Bonnat est unique. C’est un beau voyage pour le goût et une porte ouverte entre les mondes, pour le bonheur des petits et des grands.