« Ce qui fait du bien au palais
ne fait pas de mal à l’âme. »
Devise de la Maison Bonnat depuis 1884
Au 18e siècle, au sujet de Theobroma Cacao, un célèbre naturaliste écrivait: «on n’a jamais trouvé autant de qualités réunies dans un si petit fruit». Mais les fameuses et réelles vertus de cette «nourriture des dieux» ne s’expriment que dans un vrai chocolat, qui doit être aussi un bon chocolat, pour que des générations de petits et de grands puisent bien-être et santé dans de très agréables pauses de plaisir… Quelle philosophie!
Liquoristes, confiseurs, pâtissiers, chocolatiers… Durant des siècles, les membres de la famille Bonnat ont si bien croisé leur vie avec les anciens métiers du sucre et des plantes, que leur savoir-faire est devenu une culture forte, naturelle, porteuse de valeurs pour lesquelles le bon et le bien sont branches et ramilles d’un même arbre. Depuis 1884, le chocolat artisanal est devenu un engagement partagé pour cette Maison au sein de laquelle parents et enfants travaillent ensemble à offrir le meilleur de l’accueil, du goût et de la qualité. Pour qui sait voir, les secrets du Chocolat Bonnat courent en filigrane dans l’histoire singulière de cette famille de créateurs et d’artisans.
Voué à l’expansion et au voyage, apporté en Espagne en 1528 par le conquistador Hernán Cortès, le chocolat conquiert rapidement les grands de la Cour. De là, il se propage en Europe et notamment en France, par les marranes fuyant d’Espagne au Pays Basque avec les précieuses fèves dans leurs bagages. En ces temps d’épopée, la légende dit qu’une aïeule de Stéphane Bonnat était alors préceptrice à la cour d’Espagne, nouant peut-être la destinée de ses descendants en leur transmettant la passion du cacao originel et des grandes traversées…
C’est par le bon vouloir de deux reines, infantes d’Espagne, Anne d’Autriche et surtout Marie-Thérèse d’Autriche, qui épouse Louis XIV en 1660, que la petite fève des forêts tropicales et son principe actif, la théobromine, deviennent les ingrédients magiques de la boisson la plus recherchée des grandes Cours européennes.
1650
Sucré au miel, avec du lait ou des épices, prescrit par le médecin, conseillé par les amis, symbole de modernité et de noblesse, le chocolat déploie ses charmes dans les hautes sphères de la société.
Le chocolat des Lumières
L’aventure française commence vraiment sous la Régence, avec François Massaliot. Ce «Bon génie du chocolat» est un pâtissier éclairé, fondateur de la cuisine moderne, ami des Grands et des artistes, homme libre et inventeur des desserts au cacao.
Les Lumières aiment passionnément le chocolat, dont l’usage va grandissant tout en se démocratisant. Convivial et indispensable, il est présent dans les sauces, condiments et desserts et l’on voit apparaître les premiers bonbons chocolatés, papillotes et autres douceurs, signes de créativité et de l’appropriation du cacao par les confiseurs et les pâtissiers.
En France, l’ébullition des esprits et des cœurs bat son plein. A l’heure où Louis XV prépare lui même son chocolat, dans son palais de Versailles, les alambics chauffent dans les officines des apothicaires et de leurs cousins liquoristes, spécialistes de la distillation des plantes, fabricants de bonbons et fruits confits. Cette tradition fait partie du cœur de la Maison Bonnat et fera partie de la culture et du métier de son fondateur.
1751
alors que paraît le premier tome de «L’Encyclopédie», Monsieur Bonnat, confiseur-liquoriste, s’établit à Voiron, au pied du Massif de la Chartreuse.
Naissance d’une Grande Maison
Né en 1861, Félix Bonnat, apprend son métier à la suite de son père. Il fait son tour de France et il s’installe cours Senozan, à Voiron, comme liquoriste-confiseur et fabricant de desserts. Il développe rapidement son entreprise, avec sa femme Clotilde, dans cette Isère talentueuse et imaginative et il participe pleinement à l’âge d’or des spiritueux, dont Voiron est l’un des centres majeurs. De là vient sans doute la touche Bonnat dans la finesse du mariage des liqueurs avec le chocolat.
Mais si le chocolat existe déjà dans l’offre de la maison voironnaise, renommée pour la qualité de ses produits, le fondateur de la chocolaterie décide d’aller plus loin. En 1883, Rodolphe Lindt a déjà inventé le conchage, les techniques chocolatières évoluent à grande vitesse et Félix Bonnat décide de s’équiper de la dernière innovation des chocolatiers Suisses, le casse-cacao tarare.
1884
Félix Bonnat crée son atelier de chocolatier torréfacteur, spécialisé dans la transformation des fèves de cacao en chocolat et le succès couronne le talent et l’innovation. Avec la volonté farouche de percer les secrets du métier, il sélectionne et torréfie ses fèves et dès la fin des années 1880, il lance le premier grand succès Bonnat, les «Pavés de Voiron», petites merveilles fondantes à la forme cubique extrêmement moderne et qui connaissent un succès immédiat. Ces bonbons sont alors diffusés dans 180 boutiques en France métropolitaine et dès 1901, ils sont expédiés vers tous les comptoirs des colonies Françaises. L’aventure est au rendez-vous!
L'ouverture au monde
Un siècle se termine et une nouvelle ère se dessine. Continuateur d’une longue tradition de dessert et de confiserie, porté par le succès, Félix Bonnat, bientôt accompagné de ses deux fils, est à l’écoute de son époque et il innove régulièrement.
Tout comme Clotilde avec Félix, Marthe et Louise, les épouses d’Armand et Gaston Bonnat, toutes deux filles de pâtissier, travaillent dans la boutique et apportent leur dynamisme et leurs compétences. Si les hommes sont au laboratoire et à la recherche de nouveaux marchés, les femmes assument l’accueil, la vente, les expéditions, la comptabilité… l’entreprise s’étoffe et peut répondre aux défis du temps.
1888
Les grandes villes révolutionnent le commerce avec les Grands Magasins : en 1852 Le Bon Marché, en 1865 Le Printemps, en 1896 les Galeries Lafayette. Qu’à cela ne tienne, Félix Bonnat ose les catalogues d’Hiver et de Printemps, du jamais-vu dans la profession. Il exprime en cela le talent spécial de la Maison Bonnat pour s’ouvrir à l’actualité et puiser son inspiration dans la dynamique du monde.
1900
L’amitié franco-russe bat alors son plein. Pour la venue à Paris du Tsar Nicolas, Félix Bonnat invente le Plum-cake Moscovite et obtient une médaille lors de l’Exposition Universelle. 15 ans plus tard, ce cake imbibé de rhum sera plébiscité par les soldats de la Grande Guerre, pour ses qualités de goût et de conservation.
1904
Génial précurseur, Félix Bonnat crée pour ses amis fabricants de Champagne, deux délices qui ont depuis été imités dans le monde entier, la Krugette et l’Orangine, à base d’écorce d’orange confite enrobée de chocolat.
Technique et énergie
1924
L’Exposition Universelle de 1925 se prépare, à Grenoble, au cœur de la modernité : Houille blanche et Tourisme! La dynamique passionne, Le Pralin Sport Bonnat l’apporte aux touristes exigeants, qui parcourent Chartreuse, Vercors et tous les massifs du globe. Praliné, cacao, couverture de noisettes grillées, c’est la fête de l’énergie et du grand air.
1920
Félix Bonnat et ses fils exportent dans le monde entier et ils inventent un système de ruissellement d’eau sur les murs pour refroidir le laboratoire en été et des serpentins à vapeur pour le réchauffer en hiver.
La signature d’un grand chocolatier:
Ganache et Praliné
1906
Aux accents de la valse Sphinx, qui faisait danser la France, aux enthousiasmes pour les explorateurs ou le mystère romanesque du monument Egyptien, Félix Bonnat répond par la création du gâteau Sphinx, que nous pouvons toujours déguster à Voiron, sublime ganache posée sur un mystère de cacao.
1919
Pierre Benoît publie « l’Atlantide » et la France retrouve le goût du romanesque et un souffle de liberté exotique. Toujours en communion profonde avec son temps et pour parler au cœur de ses clients, la Maison Bonnat crée une pâtisserie nouvelle, dont la simplicité extérieure cache une merveille de praliné, secrète et délicieuse comme une confidence. Antinea.
Raymond Bonnat,
la révolution des Grands Crus
En 1956, Raymond Bonnat, fils de Gaston, prend la relève. Après des études commerciales, il fait son Tour de France, se forme à l’Ecole des Chocolatiers à Bâle, la très prestigieuse COBA, et fait son Tour de Suisse. Il se marie en 1959 et son épouse Nicole, fille d’hôteliers bien connus de la région, le seconde.
Après avoir perpétué et développé, pendant plus de vingt ans, la réputation et la qualité de sa Maison ainsi que ses marchés internationaux, il révolutionne le monde du chocolat haut de gamme : Pour les 100 ans de la chocolaterie, il invente les tablettes « Grands Crus », à base de fèves d’origine pure et garantie. Huit origines pour ces « Grands Crus Historiques », qui lui vaudront la plus haute récompense « Intersuc » et dont le principe est désormais largement repris par la profession.
Côte d’Ivoire, Madagascar, Ceylan, Trinité, Chuao, Equateur, Puerto Cabello, Hacienda El Rosario, autant de défis pour la Maison Bonnat et l’amorce d’une nouvelle aventure, avec une implication beaucoup plus importante dans la recherche des meilleures fèves et dans la coopération active avec les planteurs.